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Fontainebleau, nouvelle nature

L'école du sans pesticide

La France "zéro phyto"

Se mettre au vert

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Se mettre au vert

Citadins et jardiniers, acteurs majeurs du

« zéro phyto ».

Les conséquences des politiques “zéro phyto” demeurent difficiles à évaluer. D’autant plus que l’utilisation de pesticides dans les champs alentour continue de contaminer les villes qui ont renoncé à ces produits. « Nous avons constaté que l’eau en amont du parc contenait du glyphosate », déplore Thierry Lerche, jardinier en chef du château de Fontainebleau.

Sans compter que les alternatives naturelles n’existent pas toujours. Thierry Lerche n’a par exemple pas de solution pour traiter les buis malades : « Je fais donc un traitement exceptionnel sur ces plantes. » Jacques My, président de l’Union des entreprises pour la protection des jardins, réclame le maintien d’une “trousse de secours” de pesticides dans les villes. L’air désolé, le représentant des fabricants de pesticides précise : « En 2017, les collectivités ne pourront plus traiter chimiquement les buis. Elles seront obligées de les arracher, c’est lamentable. »

Herbicide non-sélectif qui agit en inhibant la croissance des herbes.

Produits destinés à détruire les mauvaises herbes et à protéger des organismes nuisibles (ravageurs, maladies).

« Les collectivités seront obligées d’arracher les buis, c’est lamentable. »

Selon l’UPJ, il faudrait 10 ans pour mettre au point de nouvelles techniques. Un discours que nuance Guillaume Larregle, chargé des relevés faunistiques et floristiques pour Seine-et-Marne environnement. Pour lui, il convient de sortir de la monoculture. Planter une seule espèce de buis fragilise les plantes : « Il faut avoir recours à des variétés les plus sauvages possibles. » Les ravageurs pourront ainsi difficilement s’adapter à plusieurs arbres différents, et ne contamineront pas l’ensemble de la plantation.

Les jardiniers doivent donc changer leurs habitudes. Ils utilisent par exemple des auxiliaires de culture. Autrement dit, trouver des prédateurs naturels pour éradiquer les parasites. « Mais il peut être en Chine », soupire Thierry Lerche.

Être vivant utilisé pour détruire les organismes nuisibles ou atténuer leurs effets.


François Chiron analyse

les limites des auxiliaires de culture

Les professionnels ne sont pas les seuls à devoir s’adapter. Le succès du “zéro phyto” ne pourra se faire sans un changement de mentalités. Point délicat : le cimetière. Les personnes en deuil peinent à accepter les mauvaises herbes entre les tombes. « Au début, il y a eu des plaintes parce que des herbes poussaient. Les gens n’étaient pas habitués à ça », se rappelle Yoann, employé au service nettoiement de la mairie de Fontainebleau. Son supérieur, Joël, renchérit : « Le cimetière était un jardin pour eux. En une année, c’est devenu une friche et ils avaient un sentiment d’abandon. »

Faire comprendre que la nature

reprend ses droits.

Un défi pour Rémi Boyer, adjoint au maire d’Igny délégué au développement durable : « Le cimetière reste un lieu très sensible pour la population, qui a envie de propreté visuelle. On explique que ce n’est pas grave que des bouts d’herbe dépassent et qu’il faut assumer le caractère semi-rural de la ville. » Les municipalités, grâce à des campagnes de sensibilisation, doivent avant tout faire accepter aux habitants que la nature reprend ses droits.

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Laisser faire la nature

Les herbes folles, les bosquets, les pelouses, deviennent un nid accueillant pour de nombreuses espèces. « Limiter les pesticides peut réduire le temps de travail. La nature est bien faite, il faut la laisser faire », se réjouit Thierry Lerche.

« Si vous installez un bosquet dans une forêt, vous allez faire proliférer une biodiversité sans avoir besoin de traiter. Des mésanges, des chardonnerets, de nombreuses espèces viendront. »

Sauvages de ma rue, une appli 

pour recenser la biodiversité

Le meilleur moyen de faire passer le message reste encore d’inclure les citoyens dans le recensement de la biodiversité. C’est l’un des objectifs de Guillaume Larregle qui organise régulièrement des ateliers de science participative en Seine-et-Marne. Des applications, comme “Sauvages de ma rue” et “Bird Lab”, s’inscrivent également dans cette démarche. Elles permettent de récolter des données précieuses sur les espèces et apprennent aux citadins à regarder à leurs pieds et à lever les yeux pour repérer insectes, plantes et oiseaux.